Je vais tenter de faire un point «rapide», mais important, sur ce qu’apporte l’utilisation de Twitter en classe depuis ces dernières semaines...
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Comme dit dans le billet précédent :
On ne FAIT pas de la production d’écrit en classe gratuitement, on ÉCRIT dans un but précis et le plus souvent possible POUR un destinataire. Il est nécessaire que les écrits aient du sens : j’écris pour quelqu’un, soit, mais sur Twitter, je m’en rends compte !
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J’étais curieuse de connaître ce que Twitter signifiait vraiment pour les élèves.
Je leur ai donc proposé de créer un nuage de mots à l’aide de Wordle.net : chacun a proposé au moins trois mots et le groupe a ensuite choisi la mise en forme du nuage...
Je note l’importance que revêt la charte d’utilisation (les mots «charte», «respecter» et «politesse» ayant été écrits un bon nombre de fois), évoquant donc les droits et devoirs que les élèves s’appliquent à respecter à chaque utilisation.
L’utilisation des Tice («ordinateur», «clavier») est présente aussi (je suis étonnée que le mot «téléphone» n’ait pas été plus cité), c’est une motivation supplémentaire : utiliser les outils nécessaires.
Vous me direz peut-être que j’oublie la prédominance de leur identité à travers le nom du compte de la classe «@crotenaycycle3». Ce qui aurait été fort intéressant, mais sa présence est un peu biaisée, car nous avions décidé que tous les élèves l’écriraient une fois de manière à signer ce nuage de mots, comme on signe une toile...
Bon, je passe sur le mot «cool» que j’étais tentée de leur demander de modifier, mais j’ai souhaité garder cette banque de mots la plus spontanée possible...
Je précise que le mot «populaire» a été employé par 4 ou 5 élèves contents de voir qu’on parle d’eux (label Ecoles Internet, presse venue dans l’école... j’y reviendrai plus tard). Je pense qu’ils n’ont pas osé écrire «célèbre»...
Mais ce nuage confirme surtout que «tweeter = partager» bien que ce mot n’apparaisse pas, les mots «tweeter», «abonnés», «écrire», «communiquer», «réponses», «informations», «correspondre» et «échanger» le montrent bien, je pense...
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Des échanges quotidiens qui motivent l’envie d’ÉCRIRE
Bon, disons que ce n’est pas propre à cette année scolaire. Au printemps, de nombreux abonnés, même au-delà du village, ont enrichi les informations transmises par la classe par leurs remarques, questions, réponses... Cela permet aux élèves de prendre conscience de l’existence des destinataires de leurs messages et donc donne du SENS à cette démarche.
Merci ainsi à Stéphanie @2Vanssey et à @TiceChampagnole pour leurs nombreux tweets aux élèves !!!
Merci aussi à Delphine @DelpheF de réactiver régulièrement les souvenirs parisiens du groupe, en réagissant souvent à leurs messages et/ou en leur envoyant des clichés de la Tour Eiffel en toutes saisons...
Merci aussi à Delphine @Drmlj qui a demandé aux élèves de lui conseiller un livre pour un enfant de CM1. La demande était précise et elle leur a permis d’être telles des personnes ressources et de partager leur «expertise» sur la littérature de jeunesse lue en classe ou seul à la maison. Cet échange nous a permis de faire un point sur les lectures faites en classe et ainsi sélectionner les livres qui correspondaient à cette demande.
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Des échanges avec les nouvelles classes qui tweetent lançant ainsi un projet de jeux d’échecs inter-twittclasses dans lequel @Jyaire a accepté de se lancer aussi.
Voir d’autres classes du primaire tweeter depuis la rentrée (@Classe_Masson et @Cp_Chantereine), a ouvert de nouvelles perspectives à la classe. L’année dernière une classe de cycle 2 (de Haute-Saône ) s’était lancée dans ce projet avec le maître rattaché à leur école @philcharp, mais pris par le projet du voyage à Paris, les enfants n’avaient pas fait la demande de communiquer plus particulièrement avec eux. Depuis, cet enseignant a changé de poste et le compte n’est plus actif. Peut-être un jour...
Donc, échanger avec des enfants prend une autre dimension pour les élèves. Ces nouveaux interlocuteurs semblent plus proches d’eux. Les communications entre ces classes renvoient à mes élèves l’image d’une école qu’ils connaissent : temps de bibliothèque, poésies, apprentissages... Bon, je ne vous cache pas qu’il y a une certaine réticence de la part de certains de mes élèves : «Mais, ils sont petits !». Le besoin se fait donc ressentir de partager avec des élèves de leur âge... Un appel à vous lancer ? Mais mon petit doigt m’a dit que certains enseignants que je suis sur ma Timeline sont en passe de réaliser le voeu de mes élèves... À suivre donc...
En attendant, la classe a réalisé qu’à des centaines de kilomètres de là, d’autres élèves se lançaient dans un projet qui les intéressent particulièrement : le jeu d’échecs ! (Étonnant, tiens...) Et voilà mes élèves me demandant s’ils ne pourraient pas jouer avec eux... (Mince, avec @Jyaire, nous n’y avions pas pensé du tout... ;)
Nous attendons donc que nos nouveaux correspondants connaissent le déplacement de toutes les pièces pour faire des parties à distance via Twitter. Depuis, mes élèves sont beaucoup plus attentifs lorsqu’ils apprennent à coder les déplacements des pièces ! Projet à suivre...
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Des échanges avec une professeur et un maire de Charente Maritime provoquant une séquence de géographie sur le climat français et la prise de conscience de la notion de RÉSEAU social.
La météo hivernale a provoqué de nombreux échanges sur la neige, les igloos de la cour de récré... Les élèves ont reçu des messages de Géraldine @Gduboz (Jura, que nous avons eu le plaisir de rencontrer IRL lors d’une sortie à Saint Claude!), de Delphine @DelpheF (Paris), de @MarioAsselin (Québec), et des twittclasses du Nord et de Haute-Saône...
Mais également de Laurence Juin (depuis son compte @ladernièreannee2) et ont été surpris d’apprendre que la neige à Esnandes était rare. Parfait déclencheur pour une séquence de géographie sur le climat de la France !
Question posée : «Pourquoi Mme Juin est-elle surprise de la neige à Esnandes et La Rochelle ?»
Armés des ordinateurs portables de l’ENR, les élèves sont partis à la découverte de ces villes sur Wikipédia. Découvrant alors le paragraphe «climat», ils ont lu et interprété les tableaux de températures de La Rochelle au cours d’une année. Ainsi, climat océanique, altitude, températures moyennes mensuelles... ont aidé à découvrir les raisons de la surprise de Laurence ! La séquence sur le climat français avait trouvé un déclencheur concret qui donnerait du sens à cet apprentissage.
Les élèves se sont empressés d’informer leur interlocutrice de leurs découvertes, encore approximatives. La confirmation ne s’est pas faite attendre, récompensant leur travail...
Les élèves ont élargi leur réseau social : ce professeur leur a également donné le nom du maire de sa commune.
Une bonne idée, car un élève avait posé des transports lors d’un épisode de neige important, dans une région où il neige habituellement peu (certainement inspiré par les journaux télévisés sur l’enfer blanc...).
3 hypothèses ont été formulées par la classe :
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-ceux qui penchaient pour un équipement ultra-performant des communes, en raison de la peur de la neige,
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-ceux qui imaginaient que les agriculteurs de la région s’occupaient du déneigement équipant leur tracteur de lame,
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-et ceux qui pensaient que la région était paralysée car peu ou pas équipée...
La personne ressource pour valider ces hypothèses était donc toute trouvée ! La question fut posée et la réponse reçue le jour-même ! S’adresser au maire de notre commune pour éclairer les élèves aurait été possible. Mais dans ce cas, les élèves avait l’interlocuteur rêvé grâce au réseau social créé sur Twitter.
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Des échanges avec un professeur de mathématiques venant enrichir une séquence de géométrie
En aide personnalisée, un groupe d’enfant avait travaillé sur la compréhension des informations transmises oralement et leur reformulation (cf le travail très riche proposé par le groupe CLEMI de Franche Comté : Aide personnalisée : progresser par l’éducation aux médias, à lire ici). Pour clore la séquence, le groupe concerné, cinq enfants, ont transmis via Twitter le résumé qu’ils avaient produit collectivement.
Parmi les nombreux échanges qui ont suivi ce travail (mettant ainsi en valeur leur travail), un professeur de mathématiques, Emmanuel @Le_Gugu (qui tweete également avec ses collégiens), leur a posé une question sur les alvéoles des abeilles, me permettant ainsi de rebondir en géométrie sur les polygones, réinvestir ce que nous avions vu précédemment et l’approfondir en prenant le temps de relever le défi lancé par mon collègue ! Merci à lui !
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Des échanges permettant de réinvestir l’éducation aux médias. (Ce billet traine dans mes cartons depuis quelques jours, je rajoute ce paragraphe aujourd’hui suite au billet très intéressant de @Jyaire, à lire ici).
La question de l’éducation aux médias est fondamentale lorsque l’on fait entrer ses élèves sur la toile et les réseaux sociaux. Et les inquiétudes de mon collègue sont fondées surtout avec une classe de CP. Que comprennent les jeunes élèves ? Internet est une source incroyablement riche, et sans basculer dans la diabolisation, il est nécessaire de les sensibiliser aux risques, mais comment le comprennent-ils ? Savent-ils comment cela fonctionne ?
Dans la classe une charte d’utilisation a été écrite collectivement avant d’utiliser quotidiennement Twitter, elle est la base du projet. Ils la respectent et à voir le nuage de mots présenté plus haut, ils ne la perdent pas de vue et elle fait partie intégrante de l’outil. Et effectivement, la consigne la plus importante est celle-ci : «J’utilise Twitter toujours en présence d’un adulte».
Comme mon collègue de CP, nous avons été confrontés quelques fois à des spams, des utilisateurs de Twitter indélicats ou des messages reçus avec des avatars suggestifs... Personne n’y échappe quand on navigue sur le net. C’est vrai aussi pour les élèves du cycle 3 qui naviguent souvent librement chez eux sur des sites de jeux en ligne, de vidéos, de messagerie instantanée... Bien que je surveille au plus près les messages reçus sur le compte des élèves avant qu’ils ne se connectent, je dois évidemment me soucier de ces agressions. Il me semble alors nécessaire de s’en servir quand elles surgissent pour leur apprendre à s’en protéger et donc que l’école a un rôle à jouer dans ce sens !
Les élèves ont appris à bloquer des spameurs, par exemple... Il est nécessaire de leur expliquer comment ils procèdent (recherche de mots-clés, cibler un public sensible à un thème...) en faisant appel à leur quotidien hors du net, comme le font les publicitaires dont ils retrouvent les annonces à la TV entre deux dessins animés ou au coeur de leur magazine préféré. Ainsi, à l’occasion d’«école et cinéma» où nous avions vu un film sénégalais que les enfants ont souhaité résumer à leurs abonnés. Immédiatement, nous avons reçu des messages d’un site de voyage... Autre exemple, le mot «cycle» dans le compte des élèves, nous apporte régulièrement son lot d’abonnés passionnés de vélo ou de moto...
Les avatars suggestifs de certaines personnes écrivant aux élèves, ou les mentionnant, m’ont permis d’appuyer sur la nécessité de rester correct sur le net et de faire attention à l’image que l’on donne de soi sur la toile (la fameuse identité numérique positive, extrêmement importante). La conclusion des élèves était à peu de choses près la suivante : ces gens veulent se faire remarquer et trouvent cela drôle. S’ils montrent cette image d’eux, ils disent peut-être des choses peu correctes aussi. C’est pour attirer l’attention sur eux, mais cela ne nous intéresse pas, donc passons notre chemin...
Et comme mon collègue, dans la série «les médias entrent dans l’école», la venue d’une journaliste régionale venant interviewer les élèves au sujet de leur utilisation de Twitter et du Label Écoles Internet fraîchement reçu, m’a confirmé qu’ils avaient tout compris !
En effet, après l’interview des élèves, les grands avaient préparé des questions à poser à la journaliste. La classe participe chaque année à la semaine de la presse à l’école et ce média les intéresse beaucoup aussi...
Au cours de l’entretien, un élève lui a demandé ce qui l’avait poussée à choisir ce métier. Elle a répondu très honnêtement en faisant appel à ses souvenirs d’enfant et a ainsi «dévoilé» (c’est le mot qui sera employé dans un tweet par les enfants) une partie de sa vie privée. Cela a sonné comme un secret aux yeux des élèves. Pour eux, elle venait de se confier...
À son départ, ils ont souhaité raconter cet après-midi en présence de la journaliste. Un des plus jeunes du groupe a proposé de tweeter cette anecdote. Il y eut un vent de protestation dans la classe. Pour les plus grands, il était hors de question de «dévoiler ce secret», c’était du domaine de sa vie privée, elle ne serait certainement pas d’accord pour qu’on en parle sur Twitter...
Éducation aux médias et éducation à la citoyenneté sont intimement liés...
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Et voilà, j’en oublie, évidemment... Mais voici quelques bonnes surprises de l’utilisation de Twitter en classe !!!